Catalogue en ligne

 

"LA CALLIGRAPHIE SANS FRONTIERES"

 

Sections :


Annexes


Histoire de la calligraphie en peu de mots



Dès ses débuts l'écriture s'accompagne d'un sens esthétique, qui se joint au désir de lisibilité. L'appellation "belle écriture" vient du grec et s'est transmise au latin, puis au français. Et c'est par défaut que l'on s'en sert pour l'hébreu, l'arabe et les langues asiatiques, où l'idée est un peu différente, plus profonde.
Des scribes romains à ceux des scritoriums médiévaux, en passant par les copistes de torah ou de coran, le but est toujours la précision et le respect des règles, en formant les lettres et les illustrations au moyen d'outils durs et compacts sur des matières solides.
En Extrême-Orient, au contraire, on utillise des pinceaux souples avec des encres naturelles qui imprègnent des papiers souples et absorbants. D'où une plus grande liberté d'expression, même si la connaissance des règles et des modèles anciens est un préalable à maîtriser.
C'est pourquoi les calligraphes occidentaux, à partir du milieu du XXe siècle, ne se contentent plus d'imiter le passé et mêlent toutes les influences pour un résultat plus excitant.
Des livres bien choisis permettent à ceux qui veulent en savoir plus d'entrer dans ce monde merveilleux.

Et notre histoire : Comptoir des ecritures, Le Palais du Papier, The Great Calligraphy Catalogue




Le Comptoir des écritures est une vue de l'esprit, une vision de l'écrivain Lucien X. Polastron, qui a découvert la calligraphie chinoise durant ses enquêtes en Chine à partir de 1976 et s'est souvenu alors de sa fréquentation de Bernard Arin vers 1966, époque où ils collaboraient tous deux à la brillante revue "Maisons d'hier & d'ajourd'hui". Bernard Arin devait fonder le fameux Scriptorium de Toulouse en 1968, d'où émergèrent la quasi-totalité des calligraphes français de haut niveau, et le Comptoir des écritures naquit en 1989 de l'idée folle de courir le monde à la recherche des ustensiles de la calligraphie, souvent oubliés même dans leur pays d'origine, pour les rassembler en un lieu de qualité et expliquer aux amateurs leurs secrets. Dépositoire d'ustensiles et savoirs oubliés, ce fut aussi un véritable Palais du papier.
De la petite boutique de la rue des Gestes, à l'ombre (blanche) d'un grand libraire, le Comptoir des écritures est parti créer une espace de 200 m² au pied du centre Pompidou à Paris ; une galerie d'art calligraphique et une école pluriculturelle y ont cohabité pendant vingt ans, accueillant l'enseignement de Claude Mediavilla, Brody Neuenschwander, Serge Cortesi, Kitty Sabatier, Laurent Pflughaupt, Marine Porte de Sainte-Marie, Ouyang Jiaojia, Yajima Hogetsu, Oinomikado Sachiko, Hassan Massoudy, Abdallah Akar, Frank Lalou et l'enlumineuse Beatrice Balloy. Des centaines de jeunes et moins jeunes s'y sont formés ; beaucoup y ont trouvé un métier, tous s'y sont régalés.
C'est à la demande générale que la boutique avait été transférée de Toulouse à Paris. Pour la même raison - c'est-à-dire faire profiter davantage de gens de ses richesses et de son savoir-faire -, le Comptoir des écritures vient de quitter la rue Quincampoix pour développer son système de vente à distance. Une nouvelle boutique ouvrira par la suite, peut-être, un jour.
Faire découvrir la calligraphie à un pays où elle était pratiquement inconnue est une expérience qui apporte de grandes satisfactions et toute l'équipe du Comptoir des écritures, menée par "la sémillante Lolita" (Nova Mag dixit) exprime ici à tous sa chaleureuse reconnaissance. A l'intention des nostalgiques et de ceux qui sont nés plus tard, un lien en bas de page conduit aux archives de la maison.
Papier sans frontières
Le Comptoir des écritures du 35 rue Quincampoix, entre 1992 et 2013, était surnommé "palais du papier". Vue d'un de ses nombreux meubles garnis de feuilles à la cuve, venus du monde entier. Le tout se retrouve aujourd'hui ici.


Page Wikipédia 2022, non publiée

Comptoir des écritures

Comptoir des écritures est une entreprise française créée en 1989 sur une idée de l’écrivain globe-trotter Lucien X. Polastron, qui, réagissant à la mainmise menaçante du couple écran-clavier sur l’écriture, souhaitait voir s’ouvrir une papeterie qui rassemblerait les fournitures pour la calligraphie de toutes les cultures : latine, hébraïque, arabe, chinoise et japonaise, principalement (note 1).

Le logo de l’entreprise symbolisait d’emblée cet œcuménisme en associant le sinogramme shu « écriture » vigoureusement déformé en cursive par le maître Ouyang Jiaojia et le nom de la boutique, tracé au pinceau plat par le calligraphe Claude Mediavilla en style de chancellerie.
Le premier établissement a ouvert à Toulouse dans un petit local au 5 rue des Gestes – adresse prédestinée – à l’ombre de la librairie Ombres blanches. La ville de Toulouse était alors un creuset de la calligraphie grâce au Scriptorium de Bernard Arin, qui a formé les futurs grands artistes de l’écriture, dont Claude Mediavilla (note 2).

Une annexe a rapidement ouvert à Paris, au coin du passage Molière, face au théâtre en ruine qui deviendrait la Maison de la Poésie (note 3) Ces deux lieux ont ensuite fermé au profit d’un troisième local, cette fois de 250 m², au 35 rue Quincampoix. C’est là que l’entreprise a pu, de 1992 à 2012, développer le plus complètement son projet, en l’articulant sur un triple plan : ce serait un négoce, une école et une galerie d’art, tous axés sur la même spécialité, et proposer « un style, une esthétique, une vision pour écrite le monde (note 4) », de même qu’une « chorégraphie de la parole (...) un espace où l’on peut confronter tous les nouveaux courants de la calligraphie (note 5). »

 La partie commerciale est, de loin, la plus complexe, qui consiste à parcourir le monde ancien à la recherche des artisanats liés à des cultures en voie d’extinction. Si les objets de la calligraphie occidentale sont faciles à localiser et à importer, d’Allemagne, de Grande Bretagne et des États Unis – la France ne produisant rien, sauf du papier à la cuve dans de respectables moulins anciens (note 6) –, les difficultés s’avèrent considérables pour les calligraphies moyen et extrême orientales : les ateliers de production traditionnels se trouvent généralement éloignés des grandes cités et peu enclins à communiquer avec les moyens modernes, voire avec des étrangers. C’est, par exemple, le cas de l’encre sèche marocaine appelée smakh, du pinceau en poils de chèvre « qui ont dormi » dans un village du district de Huzhou, ou du kalemtrash ottoman pour tailler radicalement le calame. Les environ 1 500 références du catalogue étaient exposées dans un vaste espace exclusivement garni de meubles anciens chinés au cours des campagnes d’achat, au détriment de tout élément comme la PLV ou les enseignes pouvant évoquer le commerce ordinaire, de façon que le visiteur se sente accueilli dans un atelier ou une sorte d’imprimerie. « Vaste, épurée, apaisante, la boutique abrite aussi une galerie où sont exposées les œuvres de calligraphes du monde entier (note 7). »

Le volet pédagogique du Comptoir des écritures a été assuré pendant vingt ans au même endroit par une association ad hoc nommée L’aractère, aujourd’hui en sommeil, qui a organisé des cours hebdomadaires et des stages de fin de semaine dans toutes les disciplines, sous la houlette de maîtres du plus haut niveau. « La calligraphie est un art que l’on découvre avec passion au fil des cours et des expositions organisés à la boutique...(note 8) »

Entre l’espace boutique et les salles de classe était ménagée une galerie d’exposition, dont l’une des plus spectaculaires fut consacrée au film The Pillow Book, de Peter Greenaway ; elle permettait de voir les accessoires réalisés par Brody Neuenschwander pour ce film, dont la fameuse peau calligraphiée du corps du héros, homme-livre et homme-objet,. Un grand nombre d’œuvres calligraphiques remarquables purent ensuite être montrées, souvent dues aux intervenants des cours. « The store also houses a gallery and offers calligraphy classes for beginners, taught by nine professionals specializing in different styles (note 9). »

Se sont ainsi succédé les personnalités suivantes, dont le soutien apporté au Comptoir des écritures fut essentiel :
- Calligraphie latine : Claude Mediavilla, Brody Neuenschwander, Kitty Sabatier, Aboubakar Fofana, Laurent Pflughaupt, Béatrice Balloy (enluminure médiévale), Marine Porte de Sainte-Marie, Christel Llop, Serge Cortesi ;
- Pour la Chine : Yu Qilong, Ouyang Jiaojia, Chen Dehong, Fabienne Verdier, Wong Wa, Chen Jianghong ;
- Japon : Yajima Hogetsu, Yukki Yaura, Oshima Taeko, Sasaki Minoru, Oinomikado Sachiko ;
- Ecritures de l’arabe : Hassan Massoudy, Nja Mahdaoui, Abdallah Akar, Mustafa Abd al-Rahim, Bahman Panahi ;
- Et de l’hébreu : Frank Lalou, Serge Lask, Michel D’Anastasio.

A partir de 2010, l’évolution du quartier Les Halles / Beaubourg vers le tourisme de masse a amené le remplacement inexorable de la plupart des galeries, même célèbres, par des échoppes de restauration rapide et de « souvenirs » pas chers (note 10). Le Comptoir des écritures de la rue Quincampoix a donc fermé en 2013 pour se consacrer à la vente en ligne mondiale. Ses collections sont visitables et disponibles sur trois sites :
- Comptoir des écritures, https://www.comptoirdesecritures.com/
- Le Palais du papier pour les feuilles en grand format, https://www.lepalaisdupapier.com/
- The Great Calligraphy Catalogue, https://www.thegreatcalligraphycatalogue.com/

La pandémie et le décuplement des coûts du fret s’ajoutant à l’extinction lente des savoir-faire ne facilitent pas la tâche quotidienne du Comptoir des écritures, mais ses animateurs et ses nombreux soutiens en France ou ailleurs (note 11) estiment qu’il sera possible un jour de recréer cet espace de vente, d’exposition et de découverte, plus vraisemblablement dans la sérénité d’un vieux village que dans une capitale.

Bibliographie
·  Ghani Alani, Calligraphie arabe. Initiation, éditions Fleurus, coll. « Caractères », 2013, 80 p. (ISBN 221507065X).
·  Lucien X. Polastron, Découverte des calligraphies de l'arabe, Dessain & Tolra, 2003. (ISBN 2047200814).
·  Jean-François Billeter, L’Art chinois de l’écriture, Skira, 2001, 324 p. (ISBN 978-8884910721), puis chez Allia, Paris, en 2010, comme Essai sur l'art chinois de l'écriture et ses fondements
·  Lucien X. Polastron, Calligraphie chinoise, initiation, Fleurus-Mâme, 1995. (ISBN 2215021543). Reparution Fleurus sous la marque Mango en 2021. (ISBN 9782317033797).
·  Lucien X. Polastron, La calligraphie chinoise en trois styles, Dessain & Tolra. (ISBN 2047200881).
·  Lucien X. Polastron, Calligraphie chinoise. L'art de l'écriture au pinceau, Imprimerie nationale Éditions, 2011. (ISBN 9782330000660). Réédition 2020. (ISBN 9782330129514).
·  Claude Mediavilla, Calligraphie, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 1993, 332 p. (ISBN 2743301597).
·  Lucien X. Polastron, Le Papier, 2000 ans d'histoire et de savoir-faire, Imprimerie nationale Éditions, 1999 (ISBN 2743303166).
·  Laurent Pflughaupt, Lettres latines, Paris, éditions Alternatives, 2003, 158 p. (ISBN 2862273376).
· Lucien X. Polastron, Le Trésor des lettrés, (Les fournitures de la calligraphie chinoise et japonaise ),Imprimerie nationale Éditions, 2009 (ISBN 978-2-7427-8888-0).
·  Yuuko Suzuki, Calligraphie japonaise, Paris, éditions Fleurus, coll. « Caractères », 2003, 80 p. (ISBN 978-2215074779).
·  Lucien X. Polastron, La calligraphie japonaise, Dessain & Tolra, 2004. (ISBN 2047200873).

Notes et références
(1) Cet article est basé sur les informations contenues dans la page « Historique » du site de l’entreprise et des quelques coupures de presse qu’elle a conservées.
(2) Reportage Henri Beulay, La Dépêche du Midi, 31/10/1989.
(3) Au 82 rue Quincampoix : Albertine Disparut, Nova magazine, N°22.
(4) Patrick Murphy, Trouvailles, N° 99, 1992.
(5) V.M., Connaissance des arts, 03/1997.
(6) Aux côtés  «  de papiers venus du monde entier, pour écrivains et calligraphes. » Laurence Mouillefarine, Le Figaro Madame, 10/1999. « Un lieu unique pour entrer dans de monde infini du papier », Misha de Potestad, Elle Décoration.
(7) Air France Madame, s.d.
(8) C’est à Paris, N° 355, 02-03/2000.
(9) Air France Magazine, s.d.
(10) « Le Marais, un quartier à l’identité menacée » Ariane Limozin et Solenne Bertrand, bfmtv.com, le 21/04/2022 à 12:43.
(11) « Fàguó gùkè zài ‘shufa yòngpin’ diànnèi liúying » (photo d’un client français au Comptoir des écritures), Ouzhou shibao (Nouvelles d’Europe, en chinois), 25/01/2003, p.4.